J’ai été introduite à Maya par le biais d’une amie commune. Dès le premier contact, j’ai été soufflée par sa chaleur et sa générosité. Cette femme à la langue maîtrisée est une de celles qui occupent l’espace par la force simple de leur présence. Il y a quelque chose en elle d’une déesse grecque : l’intellect d’Athéna combiné à la sensualité d’Aphrodite, une féminité complète et incarnée.

Nous avons découvert que nous habitons à quelques rues une de l’autre, mais que cet échange devra, pandémie oblige, avoir lieu virtuellement. Le papotage cérébral autour d’une « kafa » n’est donc que partie remise.

Maju sam upoznala preko zajedničke prijateljice. Od prvog kontakta oduševila me njezina toplina i velikodušnost. Ona je jedna od tih žena koje dominiraju u prostoriji samo svojom pukom prisutnošću. U njoj postoji nešto što asocira na grčke božice: inteligencija Atene u kombinaciji sa senzualnošću Afrodite, jedna cjelovita i utjelovljena ženstvenost.

U  razgovoru smo otkrile da živimo nekoliko ulica jedna od druge, no, naš prvi ozbiljan razgovor  dogodio se usljed pandemijske krize.  Čavrljanje uživo, zasad je nažalost odgođeno. 

Ana (A) : Donc, allons-y avec la toute première question : comment se fait-il que nous ne nous sommes pas rencontrées avant ? Lorsqu’Aimée Lévesque m’a introduite à toi, j’ai presque eu honte de ne pas déjà connaître ton parcours, ainsi que l’incroyable femme que tu es.

Maya  (M) : Moi aussi ! Je ne sais pas comment il se fait que nous ne nous soyons pas rencontrées avant. Je cherche des gens de notre coin du monde, avec les mêmes affinités, et toi de toute évidence, tu les as, le côté artistique, la sensibilité, nous sommes presque de la même génération…Les deux, nous essayons de se sortir de ce côté identitaire pour être des femmes libres. Ça m’attriste de savoir que tu vis à quelques rues de moi, et que l’on n’ait pas pu aller prendre un café avant !

A: Pa krenimo s prvim pitanjem: kako to da se prije nismo srele? Kad me je Aimée Lévesque upoznala s tobom, bilo me gotovo sram što već nisam čula za tebe.

M: I ja isto! Ne znam kako to da se prije nismo srele. Ja tražim ljude iz našeg dijela svijeta, s istim afinitetima, a ti ih očito imaš: umjetničku stranu, osjetljivost, skoro si ista generacija kao ja… Obje se pokušavamo osloboditi, biti slobodne žene. Žao mi je bilo saznati da živiš par ulica dalje, a da još nismo uspjele otići na kavu!

 

A : Maya, tu as un doctorat en philosophie. Qu’est-ce qui t’a amenée à étudier là-dans ? Ce n’est pas un choix « classique » lorsqu’on est enfant d’immigrants, et immigrante soi-même. Nos parents nous font venir ici pour d’abord assurer nos besoins primaires. Pour toi, comment s’est fait ce choix de carrière ?

M : Pour savoir d’où ça vient, je dois te raconter mon histoire dès le début. Ma mère, à Mostar, avait une bibliothèque aussi grande que celle que tu vois présentement. Ma mère était quelqu’un qui lisait beaucoup et parmi les œuvres présentes, il y avait des philosophes grecs. Très jeune, dès que j’ai commencé à lire, je voyais Platon, Aristote, Socrate. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi, mais cela avait une résonance chez moi. Ces noms résonnaient très fort, même lorsque j’étais un enfant. Quelque part c’est comme si je les connaissais un peu, ce qui va dans le sens de la thèse de Platon de la réminiscence, où tout ce que l’on connaît est déjà à l’intérieur de nous. Aujourd’hui, je sais que c’est quelque chose qui était là dès le début.

Après, il y a eu cette guerre…Mon père était plus du côté d’architecture, alors que ma mère a étudié le droit. La guerre et l’immigration brouillaient toutes les cartes, et tout ce qui importait était de rester un adulte relativement sain. Ils ont été tellement mal pris avec tout ce qui leur est arrivé, ils n’avaient pas l’énergie pour nous diriger dans une seule direction. Lorsque est venu le moment du choix des études, j’ai essayé toutes sortes de choses jusqu’à ce que j’entre au département de philosophie à l’Université d’Ottawa et que je m’y sente à la maison. Après, les choses se sont faites un peu toutes seules, j’ai eu de bons résultats, des bourses et je me suis construite comme ça. Pendant les études doctorales, j’ai prévu une pause pour aller me former à l’INIS comme scénariste et réalisatrice, c’est quelque chose qui m’a toujours intéressé.

A: Majo, doktorirala si filozofiju. Taj predmet nije “tradicionalni” izbor za dijete imigranata. Naši roditelji su nas doveli ovamo kako bismo si najprije osigurali osnovne potrebe, materijalnu i financijsku stabilnost. Kako si napravila izbor karijere?

M: Da bi me razumjela, moram ti ispričati svoju priču od početka. Moja je majka u Mostaru imala veliku knjižnicu poput ove koju vidiš. Majka je puno čitala, a među prisutnim djelima bilo je mnogo grčkih filozofa. Još dok sam bila vrlo mlada, čim sam počela čitati, uočavala sam samo djela Platona, Aristotela, Sokrata. Ne mogu objasniti zašto i kako, ali to mi je imalo smisla. Ta su imena u meni odjekivala vrlo glasno, bez obzira što sam bila dijete. Kao da sam ih već poznavala, što se poklapa s Platonovom tezom o prisjećanju, po kojoj sve što znamo  – već je u nama.

Moj otac se bavio arhitekturom, dok je moja majka studirala pravo. Rat i imigracija su nam naravno, pomutili vode, a glavni cilj bio nam je – ostati relativno zdrave odrasle osobe. Roditelji su teško proživjeli sve što im se dogodilo, pa nisu imali energije da nas posebno usmjere. Kada je došlo vrijeme za odabir studija, isprobavala sam svašta, sve dok se nisam upisala na filozofski odsjek na Sveučilištu u Ottawi, gdje sam se osjećala kao kod kuće. Nakon toga, stvari su se događale same od sebe: imala sam dobre rezultate, stipendije, i tako sam se izgradila. Tijekom doktorskog studija, napravila sam pauzu kako bih studirala scenarizaciju i režiju  u INIS (Montrealska profesionalna škola za film i televiziju), jer je to bilo nešto što me oduvijek zanimalo.

 

A : Est-ce que tu considères « Mostarghia », ton roman publié en 2016, comme un roman autobiographique, ou plutôt une œuvre d’autofiction ?

M : C’est une excellente question, car en Europe/France le genre « autofiction » n’est pas connu. Pour ma part, si je dois mettre une étiquette sur mon travail, c’est autofiction. Lorsque l’on me demande  « Est-ce que tout dans ton livre est vrai ? Je leur dis « oui, tout est vrai, mais raconté par moi. »

Si tu poses la question à mon frère, il ne raconterait pas les évènements de la même façon. Ce sont mes mots, mes sentiments, mes émotions, ma façon de vivre les choses. En philosophie, on dit que dès que l’on n’est plus dans l’évènement au moment où l’on le vit, on est toujours dans l’après-coup et la narration. Dès que l’on se penche sur le passé, on est obligatoirement dans une reconstruction personnelle.

A: Smatraš li “Mostarghiu”, svoj roman objavljen 2016. godine, autobiografskim romanom ili radije autofikcijom?

M: To je odlično pitanje, jer u Europi / Francuskoj ne znaju za žanr “autofikcija”. Što se mene tiče, ako već moram staviti jednu etiketu na svoj rad, to bi bila autofikcija. Kada me pitaju: “Da li je sve u tvojoj knjizi istinito? Kažem im :  „Da, sve je istina, ali ispričano na moj način. “

Ako postaviš pitanje mom bratu, on naravno, ne bi na isti način prenosio događaje. Znači, to su moje riječi, moji osjećaji, moje emocije, moj način življenja. U filozofiji kažemo da čim više nismo u događaju, odmah smo u posljedicama i u priči. Kada se osvrćemo na prošlost, dužni smo biti u osobnoj rekonstrukciji.

 

A : Tes études ont été fait en français, et tu as régulièrement utilisé l’espagnol dans ta vie personnelle. Tu travailles dans une langue qui n’est pas ta langue maternelle, pour communiquer sur des concepts très abstraits. Quel rapport entretiens-tu en lien avec ta langue maternelle ? Comment s’enchâsse-t-elle dans ton identité ?

M : Le français n’est pas ma langue maternelle, mais aujourd’hui c’est devenu ma première langue dans laquelle je rêve et j’écris. Nous avons aussi parlé espagnol à la maison pendant 10 ans de vie commune, c’est devenu la langue de la vie familiale. Après, j’ai touché à d’autres langues, par exemple l’allemand en philo, ensuite un peu l’italien en Suisse. J’ai toujours su que chaque fois que l’on reparlait notre langue, je retournais dans un passé qui n’est plus, duquel je suis nostalgique et dont je suis extrêmement fière. À la base, je n’aime pas le mot « identité », ou les étiquettes du type « nation. Si j’avais à me définir, ça serait en tant que cosmopolite. Pour des besoins de rattachement culturel, j’ai voulu donner cette langue à ma fille. Ça fait partie de toutes les cultures qui la composent et c’est une richesse. En même temps, je ne sais pas, je n’ai peut-être pas raison. Elle entendait 4 langues au début (FR-ENG, ESP-CRO). Certains parents exposent les enfants à une seule langue. Ma propre mère n’était pas nécessairement d’accord avec mon choix de lui apprendre cette langue. Elle me disait : « Mais avec qui elle va parler cette langue ? » Moi, j’y tenais car si ce n’est pas avec moi maintenant, ça ne sera jamais personne.

A: Studirala si vrlo opsežno na francuskom, a u privatnom životu redovno si se služila španjolskim jezikom.  Komuniciraš vrlo apstraktne koncepte na jeziku koji ti nije maternji. Kako se sada odnosiš prema srpsko-hrvatskom jeziku? Koliko se on uklapa u tvoj identitet?

M: Francuski nije moj maternji jezik, ali je postao moj prvi jezik, na kojem sanjam i pišem. Pokraj toga, španjolski smo govorili kod kuće zadnjih deset godina, i on nam je postao jezik našeg obiteljskog života. Dotaknula sam se i drugih jezika, na primjer, njemačkog na filozofiji, zatim malo talijanskog u Švicarskoj. Oduvijek sam mislila da, svaki put kada u obitelji progovorimo našim jezikom, vraćali bismo se u prošlost koje više nema, za kojom sam nostalgična, i na koju sam  osobito ponosna. U osnovi, ne volim riječ “identitet” ili etikete poput “nacija”. Ako se već moram definirati,  rekla bih da sam kozmopolit.

Željela sam prenijeti ovaj jezik svojoj kćeri kao kulturno naslijeđe.  On je dio nje, i to je veliko bogatstvo. No, u isto vrijeme, ne znam, možda i nisam u pravu oko toga. Ona  je od početka učila četiri jezika (FR-ENG, ESP-CRO), dok neki roditelji djecu uče samo jednom jeziku. Moja se majka nije slagala s mojim izborom. Rekla mi je: “Ali s kim će ona govoriti srpsko-hrvatski?”  Ja sam tada razmišljala na način: ako ga ne nauči sada sa mnom, nikada ga neće naučiti s neki drugim.

 

A : Ton cheminement est impressionnant. Comment conçois-tu la notion de performance ? Est-ce que tu as eu peur de tomber dans les excès de la performance, avec les mille-et-un projets que tu fais ?

M : Je crois que tous les enfants d’immigrants, et je ne fais pas exception, ont un poids existentiel plus lourd que ceux qui n’ont pas connu l’exil, et ceci malgré eux. À un moment donné, cela pèse beaucoup. Dans mon cas, c’était jusqu’à la mort de mon papa. À douze-treize ans, j’avais l’impression d’être la chef de la famille, j’avais des responsabilités énormes. Je me suis épuisée et brûlée au cours du chemin, mais comme un chat, je suis retombée sur mes pattes et repris en main. Je n’ai pas toujours été la femme que je suis aujourd’hui, il y a eu des montagnes russes. Il faut dire que ce qui ne nous détruit pas nous rend plus forts. Toutes ces responsabilités administratives et démocratiques…en Suisse, à chaque fois que l’on ouvrait la boîte aux lettres, on avait l’annonce de notre statut. Il fallait le lire, le traduire à la famille. Encore aujourd’hui, je suis allergique aux communications administratives. Ça peut me prendre dix jours faire une demande de passeport pour ma fille, ou appeler son médecin pour prendre rendez-vous !

Une fois que l’on a été entraîné à être excessivement responsable, on a le luxe de dire oui à certaines choses et non à d’autres. J’essaie le plus possible de faire des choses que j’aime. Mon énergie se déploie seulement dans les choses qui m’intéressent. Si c’est lourd, je ne le fais pas. Sinon, j’embarque et je deviens hyperactive et ça roule !

A: Tvoj životopis je impresivan. Kako razmišljaš o uspjehu i krajnjim ciljevima? Da  li si se ikad bojala pasti u ekscese, s tisuću i jednim projektom kojeg imaš?

M: Vjerujem da sva djeca imigranata (a ni ja nisam iznimka) nose veću egzistencijalnu težinu u odnosu na onu koja nisu doživjela progonstvo. Sve nam puno teže pada. Što se mene osobno tiče, tako je bilo kada je moj otac umro. S dvanaest-trinaest godina osjećala sam se kao glava obitelji, jer sam imala ogromne odgovornosti. Usput sam se iscrpila, opekla, ali poput mačke sam se dočekala na šape. Nisam uvijek bila ta žena kakva sam danas. Moram ipak reći da ono što nas ne uništi, čini nas jačima. Sve te administrativne i demokratske odgovornosti…Na primjer, dok smo boravili u Švicarskoj, svaki put kada smo otvarali poštanski sandučić, pronalazili bismo obavijest o svom statusu. To sam trebala pročitati i prevesti svojoj obitelji. I dan danas sam alergična na administrativne papire i komunikaciju. Nekad mi treba deset dana da zatražim putovnicu za svoju kćer ili da nazovem njenog liječnika da zakažem termin!

Kad si istrenirana za pretjeranu odgovornost, luksuz je reći nekim stvarima da, a drugima ne. Trudim se što više raditi stvari koje volim. Moja se energija orijentira prema stvarima koje me zanimaju. Kada odlučim krenuti, postajem hiperaktivna i sve krene punom parom!

 

A : Si on parle un peu de Mostar, comment es-tu arrivée à élaborer le concept de Mostarghia ?

M : Je suis partie à 12 ans, ce qui est suffisant pour marquer quelqu’un à vie. Et dans les Balkans, à 12 ans, on est déjà presqu’adulte, c’est très différent. Ici, les enfants ont une bonne dose d’innocence, soutenue par la société, ce n’est pas mauvais. Avant la guerre, je suis certaine que j’ai eu la plus belle enfance du monde dans cette ville, avec ces amis, cette famille. Je regrette que ma fille ne puisse pas vivre la même chose. On peut critiquer les Balkans, mais ma fille n’aura pas ces émotions, ces sensations – en termes de relations – aux odeurs, aux autres, ce rapport à la nature et au monde, il lui manque tout ça.

Je suis allée à Ottawa weekend dernier et à chaque fois que l’on se voit, mon frère et moi, nous parlons de Mostar. Tout est sensoriel et rattaché à cette expérience que nous avons eue comme enfants : chasser les lézards, manger des figues. Mon rapport actuel est presque schizophrène et j’ai du mal à définir mes sentiments. Je pense à l’avant et à son exubérance, après il y a un abysse. Ce que c’est devenu maintenant, c’est le pire des scénarios pour une ville et pour les gens de cette ville. La dernière fois que j’y suis allée, j’ai regretté de parler cette langue, car je comprends les folies nationalistes. Mon frère et son meilleur ami ne se sont jamais demandé à quelle ethnie ils appartenaient. Qu’est-ce que ça veut dire se définir ? Dans le cas de ma famille, c’était très compliqué lorsque la guerre a éclaté, car nous nous sommes toujours mélangés. Pour moi, tout cela est ma famille. La guerre éclate, et on nous dit « vous êtes des Bosniaques musulmans ». Qui dit ça ? Parce que j’ai un arrière-grand-père originaire de Turquie qui s’est marié avec une femme autochtone catholique ? Cela n’a rien à voir.

Culturellement, j’aime bien l’Orient, je me rattache à l’Orient libanais chrétien, l’Orient arménien, il s’agit d’un lien culturel. La tragédie de ma famille se vit lorsque nous sommes dans un camp de réfugiés en Suisse, où nous étions traités comme des intrus, car les noms de membres de ma famille ne se « pouvaient » pas. Toutes formes de nationalismes m’horripilent, partout. On est tous inévitablement, sur le plan génétique, excessivement mélangés. Le mythe de « sang pur » n’existe pas. Les démarches de identity politics, j’ai du mal, car c’est toujours exclusif, c’est un « eux versus nous ». À Mostar, il y a cette identification ethnique : on s’en fiche, est-ce que l’on peut avoir une société civile fonctionnelle ? Est-ce que l’on peut arranger notre vivre ensemble et régler le problème des poubelles à Mostar ? Nous sommes obligés de vivre ensemble civique, pour défendre les droits fondamentaux des citoyens, dans une société démocratique.

A: Da razgovaramo malo o Mostaru, Kako si došla do razvoja koncepta “Mostarghia » ?

M: Napustila sam taj grad kad sam imala 12 godina, što je dovoljno da te to obilježi za cijeli život. Na Balkanu, sa 12 godina si već gotovo odrasla osoba, sve je dosta drugačije, dok sjevernoamerička djeca imaju dobru dozu naivnosti, uz podršku društva, što baš i nije loše. Uvjerena sam da sam prije rata, imala najbolje djetinjstvo na svijetu – u onom gradu, s onim prijateljima, s onom obitelji.  Žalim što moja kći neće može proći kroz isto. Možemo kritizirati Balkan, ali moja kći neće imati te emocije, te odnose  prema mirisima, prema drugima, prema prirodi i svijetu, i mislim da će joj to manjkati.

Nedavno sam otišla u Ottawu, i svaki put kad vidim svog brata, razgovaramo o Mostaru. Sve je povezano s tim iskustvom koje smo imali kao djeca: lov na guštere, jedenje smokava. Moja trenutna veza sa Mostarom je gotovo šizofrena. Mislim na prošlost, njegovu bujnost, i na ponor koji je uslijedio. Ono što se sada događa je najgori scenarij za taj grad i te ljude. Posljednji put kad sam tamo bila, požalila sam što govorim taj jezik, jer mogu da razumijem sve nacionalističke gluparije. Što znači definirati sam sebe? Moj brat i njegov najbolji prijatelj nikada se nisu pitali koje su nacionalnosti. U slučaju moje obitelji, uvijek smo se miješali, i bilo je vrlo komplicirano kada je izbio rat. Za mene su svi moja obitelj. Izbija rat, a nama kažu “vi ste Bosanci muslimani”. Tko to kaže? Zato što imam pradjeda iz Turske, koji se oženio autohtonom ženom katolkinjom? To nema nikakve veze.

Kulturološki, volim Istok, povezana sam za kršćanski Libanonski Istok, Armenski Istok. Tragedija moje obitelji se proživjela  kada smo bili u izbjegličkom kampu u Švicarskoj, gdje su nas tretirali kao uljeze, jer imena članova moje obitelji nisu « imala smisla » : Vesna, Nenad, Maja i Mili. Svi oblici nacionalizma me užasavaju. Svi smo neizbježno, genetski, pretjerano izmiješani. Mit o “čistoj krvi” ne postoji. Pristup politike identiteta mi je također vrlo nezgodan, jer je uvijek isključiva, i uvijek  je to slučaj: “oni protiv nas”. U Mostaru bismo mogli ne voditi brigu, najbitnije je da imamo funkcionalno civilno društvo. Možemo li urediti zajednički život i riješiti problem smeća? Dužni smo živjeti zajedno, građanski, braniti temeljna prava građana u demokratskom društvu.

 

A: Ton père représente l’âme slave dans le roman Mostarghia. Est-ce que pour toi il y a également un archétype de la femme slave ?

M : Je n’ai jamais pensé à ça, et trouvé cela intéressant comme question. Il est certain que je n’aime pas les étiquettes. Quand on parle d’âme slave, ceci signifie qu’il y a une essence, donc je me méfie un peu. On est quand même un peu obligés d’en parler, car elle existe dans certains prototypes, comme mon père en était. Chez les femmes slaves, il y a une force de caractère, peut-être propre aux Balkans. C’est visible dans le film Quo Vadis, Aida, porté par le personnage féminin. Il y a chez elle une certaine dureté slave, une volonté d’aller au bout des choses, quelqu’un de tragique aussi. Récemment, je lisais Stefan Zweig, qui après la Première guerre mondiale, se promenait à travers l’Europe. Il fait le portrait des Russes qu’il rencontre sur le chemin et dans les trains, et il écrit « J’ai vu dans l’œil de ces gens-là, une propension vers le rêve, une propension à croire en quelque chose qui nous transcende et qui est plus grand que nous, et qui vaut la peine que l’on se sacrifie. » Ça, j’aime bien comme définition, car cela dit qu’il y a, paradoxalement, dans ce coin du monde, la capacité d’être porté par un projet qui nous amène vers le meilleur de nous. La seule chose qui peut nous sauver est quelque chose qui nous transcende. S’il n’y a pas de projet utopique, idéaliste, pour lequel on se sacrifie, c’est fini, il n’y a plus rien. Mon avis actuel est que le seul projet qui nous reste comme espèce demeure notre rapport à la nature.

 

A: U romanu Mostarghia, tvoj otac predstavlja pravu  « slavensku dušu ». Postoji li za tebe jedan arhetip “slavenske žene”?

M: Nikada nisam razmišljala o tome, pitanje je baš zanimljivo. Sigurno je da ne volim etikete. Kada govorimo o slavenskoj duši, to znači da postoji samo jedna smisao, i na to sam vrlo oprezna. Ipak, postoji u nekim prototipovima, kao što je bio moj otac. Među slavenskim ženama postoji snaga karaktera, možda jedinstvena za Balkan. Može se vidjeti u filmu « Quo Vadis, Aida? », koju nosi glavni ženski lik. Vidimo da u njoj postoji jedna određena slavenska grubost, želja da progleda stvari, a isto tako je i tragična. Zapravo, nedavno sam čitala Stefana Zweiga, koji je nakon 2. svjetskog rata putovao Europom. Prikazuje Ruse koje susreće na putu i u vlakovima, i o njima piše: “U očima tih ljudi vidio sam sklonost snovima, sklonost vjerovanju u nešto što nas nadilazi i što je veće od nas, a za koje se vrijedi se žrtvovati. “To mi se jako sviđa kao definicija. To govori da u ovom kutku svijeta, paradoksalno, postoji sposobnost da nas podrži projekt koji nas dovodi do najboljeg. Jedino što nas može spasiti je nešto što nas nadilazi. Ako nemamo neki utopijski, idealistički projekt za koji se žrtvujemo, tada je gotovo, ne preostaje nam ništa. Moje trenutno mišljenje je da jedini projekt koji nam preostaje kao skupini je – naš odnos prema prirodi.

 

A : Et maintenant, qu’est-ce qui s’en vient pour Maya ?

M : Il y a mon livre qui est sorti le 10 mars, qui aborde la mystique au féminin, c’est-à-dire « est-ce que l’on peut transcender la douleur de l’exil dans une expérience mystique », telle qu’elle a été vécue par les grandes figures de la mystique chrétienne : Sainte-Thérèse d’Avila, Sainte-Catherine de Sienne, toutes ces femmes de l’histoire du christianisme qui ont beaucoup de choses à nous dire. Il traite du fait que l’on est obligé d’être femme dans la sphère privée alors que l’on voulait être autre chose. Par exemple, Sainte-Thérèse d’Avila est devenue sœur parce qu’elle voulait être libre. Elle a choisi une vie monastique pour pouvoir être libre, sinon peu de choses l’attendaient comme femme au Moyen Âge, Dans un espace clos, elle a pu jouir de son corps et de son âme. Ce livre va traiter de cela, car on en parle peu.

Après, j’ai un projet de documentaire, qui est quelque chose qui s’est fait un peu seul. J’ai commencé à travailler sur le concept de nomadisme et ce que ça signifie appartenir lorsque l’on est nomade et on n’a pas d’attachement à la Terre. Je suis allée m’intéresser aux populations du désert dans le Sahara et un moment donné j’ai abouti avec des nomades qui sont devenus sédentaires lors de l’arrivée des Blancs. Donc, la langue que j’utilise pour parler avec eux est celle de l’exil. Ceci est lié à mes premières rencontres avec des Autochtones et lorsque on a créé un lien, un des personnages du film m’a dit «  Tu sais Maya, tu es partie du Vieux Continent et tu es venue t’enraciner ici…moi je suis exilé sur mon propre territoire » Quand il m’a dit ça, ça m’a fait l’effet d’une vérité qui tombe, et j’ai senti le besoin d’explorer cela. Donc, tout le film est sur ce thème : quel est le rapport au monde lorsqu’il est enclavé ?  Il y a aussi un projet de balado qui accompagnera le film, et là je rencontre toutes sortes de personnages qui racontent leur exil.

A: I, šta je sljedeće za Maju?

M:  Tu  je moja nova knjiga (« U zidovima ») objavljena 10. marta 2021., koja za tematiku ima ženski misticizam, i bavi se pitanjem – možemo li nadići bol progonstva u mističnom iskustvu baš kao što su to doživjele velike figure kršćanske mistike: Sveta Terezija Avrilska, Sveta Katarina Sijenska…i sve te žene u povijesti kršćanstva koje nam imaju puno toga za reći. Bavi se činjenicom kako da budeš žena u privatnoj sferi, kada želiš biti nešto drugo. Primjerice, sveta Terezija Avrilska postala je sestra, jer je željela biti slobodna. Ona je odabrala monaški život radi slobode, jer ju je kao ženu malo stvari čekalo u srednjem vijeku. U zatvorenom prostoru, mogla je uživati ​​u svom tijelu i svojoj duši. Ova će se knjiga time pozabaviti, jer o tome puno ne razgovaramo.

Nakon toga imam dokumentarni projekt, nešto što se izgradilo samo od sebe. Počela sam raditi na konceptu nomadizma i baviti se pitanjem što znači « pripadati » kad ste nomad i nemate vezanost za neku zemlju. Pratila sam populacije pustinje u Sahari i našla sam se s nomadima koji su to postali nakon dolazaka bijelaca. Jezik koji koristim s njima je jezik progonstva. To je povezano s mojim prvim susretima s domorocima. Kad smo stvorili vezu, jedan od likova u filmu mi je rekao: ” Majo, napustila si Stari kontinent i došla si ovdje pustiti korijene… aja sam prognan na svom vlastitom teritoriju.” Kada mi je to rekao, učinilo mi kao da je pala jedna velika istina. Osjetila sam potrebu da to istražim. Dakle, cijeli film govori o toj temi: Kakav je naš odnos sa svijetom kada nema izlaza? Podcast će pratiti film, u kojem susrećem mnoge likove koji govore o svom progonstvu.

 

A : Et pour conclure, jasons cuisine ! Les cevaps, c’est oui ou non pour toi ? Quel rapport entretiens-tu à notre cuisine nationale ?

M : Oh j’adore, j’adore ! Tu vois, le weekend dernier, j’étais à Ottawa, et nous avons mangé des pitas, dolma, lepine. Quand on se voit en famille, c’est comme si c’était un sacrilège de manger autre chose, et la cuisine de maman est par défaut traditionnelle. Je suis rentrée lundi et depuis je suis en jeune, pour donner une pause à mon corps. Le côté tragique, ma mère va faire la nourriture, et elle va me dire « Mais là, t’as pas mangé ! » C’est une très bonne cuisine, j’adore.

Pour répondre à ta question, mon plat préféré est « buredici », un plat d’Herzégovine. C’est une sorte de burek mince avec du yogourt, le plat passe la nuit à baigner dedans. C’est siiii bon. Tu dois y goûter !

A: I da zaključimo sa kuhinjom! Sta misliš o ćevapima : voliš li ih ili ne? Kako se generalno odnosiš prema našoj nacionalnoj kuhinji?

M: Oh, volim sve, voliiim! Vidiš, prošli vikend sam bila u Ottawi i jeli smo pite, dolmu, lepinje. Kad se okupimo kao obitelj, čini se kao svetogrđemjesti bilo što drugo. Mamino kuhanje je po pravilu tradicionalno. Kad sam se vratila, trebala sam da odmorim tijelo. To je čak malo i tragično: moja će majka pripremiti hranu i reći će mi: “Ništa nisi jela! ”

To je izvrsna hrana, volim je.

I , da ti odgovorim na pitanje – moje omiljeno jelo su “buređici”,  hercegovačko jelo. To je vrsta tankog bureka s jogurtom, pita marinirana u jogurtu čitavu noć.  Tako je dobro. Moraš to kušati!

 

 

Propos recueillis et traduits par Ana G/Intervju i prevod Ana G.

Crédit photo/Fotografija: Melany Bernier